Publié le 6 octobre 2014 dans LE SOIR
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Stromae, star (aussi) à Hollywood Boulevard
- Par Magisophienne.
- Correspondante à Los Angeles.
Rien ne résiste au prodigieux maestro belge ! Ce week-end, Stromae a clôturé sa tournée nord-américaine, par deux soirées exceptionnelles, à Los Angeles. Au pays de l’entertainment, le maître a relevé, avec panache, le défi de chanter en français, dans les plus grandes villes des Etats-Unis et du Canada.
L’Europe n’était plus assez grande pour le ket de Bruxelles. En juin dernier, le rêve américain commençait par une promotion tonitruante, depuis New York. La vedette a explosé l’écran en entrant sur le plateau de Late Night de Seth Meyers sur NBC. Le célèbre animateur le présente alors comme le phénomène mondial de hip-hop et de dance music, tout droit venu de Belgique. Le défi était lancé : faire danser des dizaines de milliers de fans encore méconnus.
Depuis lors, il a chanté fin juin, à guichet fermé, au Best Buy Theater de New York à Times Square, avant de revenir, début septembre, pour une douzaine de dates. En moins de trois semaines, il a enchaîné des prestations hautes en couleurs sur la route du succès : Boston, Washington, Philadelphie, Chicago, Seattle, Toronto, Vancouver et San Francisco, parmi les villes les plus connues.
Dernier stop à Los Angeles : le véritable rêve américain se joue ici. Sur l’enseigne du Fonda Theater, en toutes lettres, brillent les sept lettres capitales de la pop star. Dans la file d’attente qui s’allonge, les mêmes mots reviennent sans cesse : authenticité, humilité et artiste complet ! 20 heures, les portes s’ouvrent enfin ! Les impatients s’engouffrent : gosses, ados, jeunes couples, papy et mamy. Un public intergénérationnel, en anglais et français ! Expatriés –principalement de Belgique ou de France- ou Américains, ils habitent Los Angeles et parfois bien plus loin. Ainsi, Mireille et Alain, Français vivant à San Diego, ont roulé trois heures pour « le voir en vrai »; Pablo et Eugenia viennent de Las Vegas pour l’occasion. Raphaëlle et Julien, quant à eux, voyageurs pendant huit mois, ont organisé leur route, en fonction de cette date de concert.
La fabuleuse couverture médiatique, organisée en juin, a porté ses fruits. Les critiques exceptionnelles ont certainement encouragé les Américains à se déplacer en nombre pour découvrir la superstar belge au succès international, comme l’annonçait le Time.
Cathy de Buffalo suit toutes les dates de la tournée, Nyasa originaire du Japon, propose chaque jour de superbes dessins du chanteur sur Twitter et Fataneh, professeur de Français, enseigne ses titres à des étudiants de high school.
« On commence chaque journée, en écoutant Stromae ! ». Elle n’est pas la seule, c’est le cas d’un grand nombre de jeunes, qui ont découvert, l’univers électro du Belge, à travers leurs cours de langue.
Unanimes, les journalistes d’outre-Atlantique sont sous le charme et utilise un dégradé de superlatifs pour présenter la star hybride, selon The New York Times. Pour NPR (la radio publique nationale), les paroles du chanteur offrent une vision différente du monde. Out le surnomme, quant à lui, la sensation belge.
Dans la salle, la fosse se remplit rapidement. Au premier étage, les sièges du balcon sont pris d’assaut. Dans les fauteuils VIP, Elliot Lefko, tourneur des concerts pour l’Amérique du Nord, est convaincu : « C’est une véritable star, qui ne fait que commencer !» Le professionnel le compare à David Bowie à ses débuts et annonce, avec fierté, que Stromae fera très certainement partie de l’affiche du célèbre festival californien, Coachella, en avril prochain.
Ludique et inventif, dès 21 heures 30, le maestro pose sa marque, devant une foule hystérique. Oh my god ! comme ils disent ici, en extase ! La star tant attendue apparaît, les cris de joie explosent. « Are you ready ? » Ca commence fort, très fort : Ta Fête embarque instantanément le public. Chemise blanche, nœud papillon noir, gilet et pantalon, Stromae, comme on le connaît chez nous, démarre en trombe, pour une heure trente de pure extase artistique.
En quelques secondes, il enflamme la salle qui ne se calmera pas une seule seconde dans le rythme effréné des tableaux ingénieux qui s’enchaînent. Il balaie tout le répertoire de son album Racine carré, en insérant, Alors on danse que les Américains connaissent très bien. « Ca passait à la radio, c’était très populaire », crie Kiyana. Mais Papaoutai est véritablement le titre préféré des anglophones et la pièce maîtresse du spectacle.
Les filles hurlent à chaque déhanché, le maître retourne à son clavier, ça claque dans les mains, il saute et danse tel le sage d’une tribu, dans un Fonda Theater qui se transforme instantanément en discothèque. Sans relâche, Stromae accompagné de ses quatre musiciens, jonglent avec les mots, en anglais et en français, emporté par une énergie extraordinaire (malgré un pied cassé lors de son concert à Salt Lake City) et ravit une audience électrisée.
Rarement, ou probablement jamais, un artiste belge (ni même français) n’a rencontré un tel succès à ses débuts, dans une salle américaine, avec un public made in USA. Elliot Lefko de Golden Voice le confirme: « He’s bigger than the stage ! » Pour lui, c’est sûr, très bientôt, notre Paul de Jette remplira des arènes américaines, dans un duo avec Madonna ou Lady Gaga. « Ces stars-là veulent faire partie du phénomène ! »