De tout, de rien
D’un regard inopportun
Que veux-tu, l’ombre du rêveur ?
J’ai peur
Du jour qui ne reviendra pas
De la nuit qui n’en finit pas
Où sont les minutes de lueur ?
J’ai peur
D’aimer follement dans ses bras
De ne pas être aimée pour ce que je vois
Où t’en vas-tu, tendre saveur ?
J’ai peur
Du jugement posé sur ma fragilité
Du rejet des amants lassés
Viendras-tu, mon sauveur ?
J’ai peur
De réussir, porter ombrage aux échecs
D’échouer, illuminer les pauvres mecs
Qui sera vraiment le vainqueur ?
J’ai peur
De souffrir, entourée, l’agonie fatale du malade
De mourir, seule, mon cœur sans battre la chamade
Pose-toi sur mes blessures, sans heurt.
J’ai peur
De partir, trouver une autre ronde
De ne pas revenir, flattée par ce nouveau monde
Seras-tu là-bas, l’enchanteur ?
J’ai peur
De ne pas partir, de rester parmi les opprimés
De revenir, pour ne pas les abandonner
Ai-je une responsabilité sur leur malheur ?
J’ai peur
De l’infortune qui frappe sans mot dire
De la félicité qui glisse sur mes désirs
Devineras-tu mes plaisirs jouisseurs ?
J’ai peur
De te perdre dans la foule des émotions, pour toujours
De ne jamais te rencontrer, même un seul jour
Viendras-tu, l’étrange visiteur ?
J’ai peur
De la vie, vibrante éphémère
De la fin, destin mortifère
Du poids des vivants qui se meurent.
J’ai peur
De tout, de rien
Des maux qui font du bien
Des mots qui tissent le bonheur.
J’ai peur
De toi, reflet mordant
De moi, peureuse d’antan
Bravement, je marche, sans stupeur.
J’ai peur
D’eux, les méchants de dehors
De nous, le couple aux désaccords
Mais rien ne m’arrêtera, trouble intérieur.
J’ai peur
De tout, de rien
D’un regard, surtout le mien
Au-delà, c’est moi, le rêveur.
Le balancier de l’effroi glace, fragile délicatesse
La valse du frisson enflamme, fougueuse tigresse
Sur le sol de mon enfance, de la terre au ciel
S’inscrit à la craie courageuse, le chemin essentiel.
La bravoure, de tout essayer, un saut
L’audace, de tout vouloir, deux sauts
L’espérance, de tout recevoir, trois sauts
La passion, de tout vivre, quatre sauts.
Cinq, je n’ai plus peur
Six, c’est l’heure.
Sept, je suis capable, foi enfantine
Huit, j’y arriverai, femme libertine.
Neuf, un pied sur l’assurance des victoires
Dix, la marelle du succès aux ailes sans choir.