Publié dans le magazine belge Ciné Télé Revue, le jeudi 14 janvier 2016
Voici l’intégralité du texte initial :
AU COEUR DE LA LEGENDE DES LAKERS.
Admirée et connue dans le monde entier, l’équipe américaine de basket-ball séduit les passionnés depuis 1947. Les Lakers ont gagné le coeur des fans grâce à leurs 16 victoires en championnats NBA ainsi qu’au travers de joueurs d’exception.
Ciné Télé Revue a eu le privilège d’assister à une séance d’entraînement au Toyota Sports Center d’El Segundo et à un match contre les Thunder d’Oklahoma City, au Staples Center. Comment la légende s’est-elle créée et que reste-il de l’héritage de l’exceptionnel Magic Johnson? Plongée dans les coulisses d’une success story.
Les ballons rebondissent dans le gymnase du Toyota Center; les 17 joueurs des Lakers s’y entraînent pratiquement chaque jour. Sur le bord du terrain, John Black, le directeur des relations presse veille sur une dizaine de journalistes habitués des lieux. Nous nous faufilons parmi eux pour mieux comprendre l’engouement. Au milieu des micros et caméras, Marc Medina du Los Angeles Daily News -qui les suit toute la saison- nous explique: «C’est 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 pour ces athlètes. 82 matches par saisons: 41 à la maison, 41 sur la route.»
Alors que les exercices tactiques se poursuivent aux quatre coins de la salle, les questions-réponses des médias sportifs s’enchaînent rapidement, il faut happer ceux qui s’arrêtent quelques minutes pour se reposer. Essouflé, le jeune D’Angelo Russel, nouvelle recrue de 19 ans, partage son enthousiasme de jouer dans une équipe mythique: «C’est génial! Il y a bien-sûr la pression de l’héritage mais je reste positif et surtout moi-même.» Pas le temps de traîner avec nous, D’Angelo est déjà de retour autour du panier quand Byron Scott, l’entraîneur accepte de se confier sur sa responsabilité: «L’objectif a toujours été de gagner. Il s’agit de passer la magie de joueur en joueur. Ce qu’a été capable de faire Kareem Abdul Jabbar pour Magic Johnson, Magic pour Shaquille O’Neal et Kobe Bryant.»
Ce jour-là justement, la star Kobe Bryant, véritable icône des Lakers, ne s’entraîne pas. «Il se repose » nous confie Byron. En novembre dernier, le joueur de 37 ans annonçait qu’il mettait un terme à sa carrière dès la fin de cette saison. «Il passera aussi la magie mais on ne sait pas encore à qui» termine le coach.
Sous son oeil avisé, la nouvelle génération se prépare pour la prochaine rencontre, au milieu des maillots suspendus des joueurs prestigieux qui ont créé la légende. Aux côtés D’Angelo Russel, Julius Randle, 21 ans et Jordan Clarkson, 23 ans figurent parmi les espoirs. «C’est un grand défi pour les responsables de trouver le nouveau Kobe!» conclut le reporter Medina.
Des joueurs d’exception ont bâti la magie des Lakers.
Sous le maillot or et violet des Lakers, certains prodiges du ballon ont marqué l’histoire. Pour Richard Hoffman, 71 ans, natif de Los Angeles et fan depuis plus de 50 ans, Wilt Chamberlain est incontestablement l’un des meilleurs joueurs de l’histoire: «Le très grand Wilt a marqué 100 points en un seul match, face aux Knicks de New York, le 2 mars 62! Ce n’est plus jamais arrivé», explique-t-il admiratif.
Kareem Abdul Jabbar, un autre recordman des points en NBA (38 387 dont 24 176 avec les Lakers) gagne cinq titres avec l’équipe de LA. Meilleur marqueur de tous les temps, véritable machine à scorer. Avec classe, il assure le spectacle et les victoires de 1980 à 1988, aux côtés de Magic Johnson avec qui la légende prend toute son ampleur.
Magic sera l’âme des Lakers, pendant la célèbre Showtime Era, une période faste pour l’équipe. Jerry Buss rachète la franchise en 79 et lance une nouvelle ère, celle du divertissement. Le spectacle prend place sur le terrain mais aussi dans les tribunes avec les stars de Hollywood. C’est aussi le début des Laker Girls, les danseuses qui animent les intermèdes. «Buss voulait des athlètes qui puissent divertir et assurer le show» commente le journaliste Marc Medina, en ajoutant: «Jack Nicholson assiste régulièrement aux matches depuis cette époque, c’est un très grand fan, tout comme Denzel Washington.» Pour Jorge Blanco, 51 ans, un autre Angelino, supporter depuis son enfance, un joueur comme Johnson n’arrive que tous les 50 ans! «Il avait toujours la balle, il pouvait jouer à toutes les positions» se rappelle-t-il.
Finalement, Kobe Bryant est la star incontestée des Lakers, depuis 20 saisons. Visage de la franchise depuis 1996, disposant d’une fantastique vision du jeu doublée d’une confiance en soi imperturbable, le Black Mamba s’est forgé une légende tout au long de sa carrière. Sean Starkey, un jeune passionné de 28 ans, suit son idole depuis ses débuts. Au Staples Center, il assiste au dernier match auquel il pourra assister avant la retraite de Kobe. «J’ai des frissons en pensant à tous ces joueurs de l’ère Showtime.»
Des millions de fans #GoLakers
L’engouement se vit de génération en génération chez les aficionados. Plus de 21 millions de fans vivent les aventures de leur team préférée sur Facebook contre 20 millions pour le seul Kobe Bryant, véritable produit marketing. Le Staples Center est sold out le soir du match contre Oklahoma City. 18 000 personnes scandent le nom de Bryant qui fait une entrée solo triomphale, alors que les autres joueurs sont déjà au warm up. Aux premières loges, assis sur une chaise à même le terrain, Sean Starkey s’émerveille: «Kobe m’a enseigné la détermination, la passion et l’amour du jeu.»
Dans les tribunes, Rick Schwartz, producteur de 52 ans, a commencé à assister aux matches, enfant, avec son père. Il nous raconte: «Les fans des Lakers appartiennent à une grande famille, tout à fait unique. L’équipe a toujours attiré les meilleurs talents, des superstars. Les vrais fans connaissent toutes les subtilités du basket.»
Pour Richard Hoffman, ses Lakers sont source de plaisir, relaxation, divertissement et joie. Il se remémore avec nostalgie le commentateur sportif Chick Hern qui a commenté 3 338 rencontres de la franchise de Los Angeles, pendant plus de quarante ans. «Je l’écoutais à la radio: électrique et dynamique, LA voix incroyable des Lakers!»
De son côté, Jorge Blanco soutient ses joueurs face aux détracteurs qui pensent qu’ils gagnent trop d’argent. 25 millions par an pour Kobe Bryant, et entre 3 et 5 millions pour les plus jeunes, comme Russel, Clarkson et Randle. «Ils méritent de gagner autant, ils travaillent dur, font énormément de sacrifices et nous divertissent, comme les stars de cinéma!»
Ce soir-là, une fois de plus, leur équipe fétiche perd face aux Thunder. «On les soutient quoi qu’il arrive», sourit Jorge. Pour le journaliste Marc Medina, les Lakers vivent une transition. «Ils restent optimistes, ils peuvent revenir au meilleur niveau. Mais avec le départ de Kobe, comment maintiendront-ils l’excellence?»
Dans les vestiaires, privilégiés, nous pénétrons dans l’intimité de joueurs déçus. La mine déconfite, D’Angelo Russel répond pourtant cordialement aux pressantes questions des reporters. Kobe, quant à lui, retient toute l’attention lors de la conférence de presse d’après match. C’est toujours lui la vedette!
En quittant le Staples Center, nous sommes persuadés, tout comme les fans, que la Magie des Lakers ne disparaîtra pas de si tôt. Un nouveau souffle se prépare. Scott Byron le confirmait aussi lors de la séance d’entraînement: «C’est mon job de les rendre meilleurs chaque jour pour qu’ils puissent, à leur tour, devenir des légendes.»
Sophie Radermecker