ESSENTIEL, le mot semble à la mode en période de pandémie. Et si l'essentiel, c'était simplement de vivre. Les confinements à répétitions, l'isolement, le retrait favorisent à ceux qui le souhaitent un exercice d'introspection sur qui nous sommes et ce que nous vivons. Où est votre essentiel ? Qui êtes-vous ? J'ai simplement écrit quelques mots guidés par mes questions. Puissiez-vous, chers amis de la Ronde des Possibles, trouver la lumière là où l'on nous impose de plus en plus l'obscurité. Rayonnez, même et surtout, à travers vos propres ombres et démons mais ne laissez pas l'extérieur saccager qui vous êtes et ce que vous voulez vraiment vivre.
La vie est un miracle, chaque jour, je m’en émerveille. Êtres privilégiés, nous expérimentons la vie dans un corps capable de tant de facultés. Dont celle de ressentir. La vie est précieuse, un don dont il faut prendre soin sans croire que nous avons le temps éternel pour l’expérimenter. Tout peut s’arrêter à n’importe quel moment, l’opportunité unique d’exister est à savourer, à chaque instant.
Cultiver l’art de vivre, c’est merveilleux. Tout est toujours parfait, même dans la souffrance inévitable. Il y a toujours le meilleur à trouver dans le pire. Je suis curieuse de tout dans cette aventure humaine, curieuse de ma tristesse, curieuse de ma joie. Subjuguée par la beauté des moments qui nous sont offerts, je déborde de tant d’émotions. Même dans les plus éprouvants se nichent des trésors . Je suis fascinée par le deuil sous toutes ses formes et la possibilité d’apprendre, de grandir. De surmonter. C’est riche et transformateur.
Le pouvoir de la gratitude et du pardon sont deux éléments qui me permettent de vivre cette existence dans un équilibre serein. Je peux être accablée, blessée, triste, si malheureuse mais aussi excitée, enthousiaste, dans un plein bonheur. Et je veux tout ressentir, ne rien mettre sous couvercle. Non, je ne suis pas béatement heureuse en permanence mais je suis ouverte, et curieuse de tout. Vivre, galoper, ralentir, rester, s’ancrer, s’envoler, courir, se reposer, contempler, agir, créer, j’essaie de vivre ma vie tel l’océan ou l’arbre.
L’arbre dans sa majesté indifférente, l’amour que je lui porte m’apprend à la fois combien je suis dérisoire mais me rend en même temps digne de vivre, en me sentant capable de reconnaître une beauté qui ne me doit rien. L’arbre suit naturellement son cours de croissance sans se soucier des conditions extérieures, il s’adapte, il s’impose avec élégance, en silence, sans encombrer. Il suit les circonstances sans s’en embarrasser, il crée avec elles. Il reste, il s’ancre tout en s’envolant dans ses branches et feuilles. Il est, tout simplement, noble, sans artifice, sans peur, sans jugement. Il laisse le vent, la terre, l’eau, le soleil le nourrir et accueille les oiseaux sur ses branches ou les passants qui l’enlacent.
J’aime aussi vivre tel l’océan que je ressens fort en moi, la force tumultueuse de vagues vives qui peuvent tout transformer grâce à leur énergie fabuleuse. Et la douceur en bout de course lorsque la vague s’échoue sur le tendre sable en formant une mousse toute légère. Le même cycle éternel mais qui peut varier. Pour moi la nature, c’est l’essence même de la vie. J’aime m’y retrouver seule et me connecter à cet espace de paix, immense. Si minuscule et grandiose à la fois, comme moi.
La vie, c’est aussi la possibilité de penser. Et l’art éloquent de parler. Ces deux aspects nous différencient des autres espèces vivantes et j’aime exploiter ces deux pôles indispensables à ma vie. À travers la culture et la création, principalement aussi. L’art m’inspire énormément. J’aime cette vie pour tout ce que je peux apprendre et découvrir, explorer. Que ce soit dans des disciplines comme la philosophie, l’histoire ou la sociologie…
J’aime la vie car je suis un être humain et l’humain me fascine dans tout ce qui le compose. Surtout sa manière de se comporter. D’agir, d’interagir. C’est fascinant. Je crois profondément en l’être humain, en sa bonté innée et surtout à sa capacité de toujours se transformer pour le meilleur.
La vie, pour moi, c’est une expérience exceptionnelle qu’il ne faut pas gâcher. Il faut vivre, tout ressentir et explorer. Pour moi, la vie c’est aussi lui trouver un sens, ce qui nous fait vibrer, le ‘purpose’. Là où l’on excelle, là où l’on ressent la joie et l’enthousiasme. Le ‘purpose’ n’est pas spécialement une réalisation concrète, de plus en plus, pour moi, il est à trouver dans l’équilibre et la connaissance de soi, des autres et du monde qui nous entoure. C’est pour cela, que j’aime aller à la rencontre des peuples, des paysages, des villes et villages. De voir le monde dans lequel j’ai l’extrême privilège de vivre. Je laisse des témoignages par mes écrits, mes interviews, lorsque je parle. J’aime les histoires qui font du bien, qui inspirent ou font réfléchir.
La vie, c’est finalement l’occasion magnifique d’aimer et d’être aimée. Et de conclure avec ces mots de Eminescu : “Car la vie est un bien perdu quand on n’a pas vécu comme on l’aurait voulu.”