Confinés, les cons finis ou les rescapés d’une humanité, l’illusion d’une solidarité ou la vérité d’un secret bien gardé
Confinés, tous au balcon, qui sommes-nous face à l’adversité des morts et d’un monde angoissé, fiévreux ou isolé
Confinés, à la maison, privilégiés ; ou dans la rue, sans abri ; à l’hôpital, au supermarché, aux microbes citoyens tousser
Confinés, il faut s’occuper ou travailler, et, courageusement, sauver des vies qui n’ont plus aucune couleur symptomatique à blâmer
Confinés, qu’allons-nous devenir, des cons finis ou des rescapés d’un altruisme bombardé aux missiles enfiellés
Confinés, c’est à nous de choisir qui nous sommes vraiment, au creux des enjeux de la préciosité d’une existence gâchée.
Nos vies ne tiennent qu’à un fil, déjà avant, mais qui tire les ficelles
Confinés, spectatrice, je n’ai que des questions pour vos escarcelles
Et quelques observations depuis ma tour d’ivoire d’où je voudrais déployer mes ailes
Ne m’en voulez pas si je vous bouscule dans vos certitudes de classes maternelles
Mon désir n’a jamais été que de partager mes expériences de romantique rebelle
Emplie de paradoxes d’ailleurs, je crois en la marelle de la terre des amours du ciel.
Ce que je ressens pour l’instant, en Cassandre éconduite, me donne envie de fuir loin du vacarme écervelé
Confinés mais pas emprisonnés, confinés mais toujours privilégiés, confinés mais encore libre de penser
Libre de réfléchir, libre d’aimer et de donner, libre au-delà des restrictions commandées par les autorités
« Liberté, égalité, fraternité » au fronton des nations contaminées par l’invisible, l’indicible et l’inodore fatalité
Qui serons-nous au lendemain pandémique, que ferons-nous dans le futur des triomphants miraculés
Confiné, à quoi penses-tu ? Qu’espères-tu ? Que ressens-tu ? As-tu peur des mutantes retombées ?
Virus, pandémie, complot, liberté individuelle menacée, qui marche sur la toile de l’araignée, qui sera piqué
Une opportunité nous est donnée, confiné ; tu peux créer mais aussi parfois la fermer, écouter et observer
Confiné, c’est petit, étouffant, angoissant mais tu n’es pas obligé de te lamenter sur le canapé des asphyxiés
Confiné, tu peux rester con ou devenir plus fin dans tes pensées et agir autrement ; la colère dissipée, tu me fais parfois pitié
Confiné, il me faut parfois chercher dans ma propre bonté pour t’excuser et croire que nous pourrons tous être sauvés
Non pas d’un virus couronné mais de l’arrogance des ignorants qui acceptent, la bedaine opprimée, de capituler aux forces cachées.
Où réside la catastrophe ? Une guerre ? Contre qui ? Où sont les bons et les méchants ? Regarde en toi, en cet instant providentiel
Qui nous sauvera ? Prédiction de courbes mortuaires, urnes esseulées dans la fosse commune, sans discours cérémoniel
Où est l’essentiel ? Qui le voit ? Et après ? Aurons-nous un futur ressuscité de nos abus édulcorés aux mensonges du superficiel
Je veux garder confiance en ma compassion, entre espoirs et réalité au vitriol, le juste équilibre pour enfin tous vivre, libérés, auprès des abeilles
Qui, bien avant nous, avaient compris que la substantifique moelle n’était pas là où les humains avait programmé leur industriel logiciel
Confiné, à quoi penses-tu ? Qu’espères-tu ? Que ressens-tu ? As-tu peur de ne plus être le même au réveil ?
Confiné, je te regarde, tu n’es pas seul, choisis ton destin et zappe, de ta télécommande apathique, les erreurs du passé
Que veux-tu vraiment ? Décide aujourd’hui ce que sera ton chemin après l’isolement de milliards de cœurs aux battements chavirés
Confiné, je te demande de penser, de ne pas paniquer, et de trouver, dans le calme de tes entrailles, la voie vers l’authenticité
La pureté des intentions qui feront voguer nos civilisations désenchantées vers le monde que je vois aux couleurs de ma dignité
Confinés, les cons finis ou les rescapés d’une humanité, l’illusion d’une solidarité ou la vérité d’un secret bien gardé
Confiné, que choisiras-tu ? La résurrection des possibles dépend de toi, de lui, d’elle, de nous, personne ne viendra te sauver.
Sophie Radermecker, le 31 mars 2020
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