Voici un article commandé par le quotidien belge Sud Presse, lors du décès du chanteur, le 6 décembre, et qui n'a pas pu être publié. J'espère que les fans de Johnny apprécieront. Hommage depuis Los Angeles, où la star habitait.
Sur les traces de Johnny à Los Angeles.
De l’autre côté de l’Atlantique, à coup de French Elvis, les médias américains ont aussi rendu hommage à la star décédée. A Los Angeles, le chanteur vivait une vie simple et discrète aux côtés de Laeticia et de leurs filles, Jade et Joy. Sous le soleil californien, rencontres avec ceux qui l’ont connu.
Ce matin du 6 décembre, la ville tentaculaire est calme. Le trafic est anormalement fluide. Dans le quartier huppé de Pacific Palisades, une vingtaine de fans français sont venus se recueillir devant la villa de 650 m2 du clan Hallyday. Mais ici, la nouvelle du jour, c’est le feu dévastateur qui ravage la région nord de la cité des anges, les flammes sévissent à quelques kilomètres à peine de la superbe demeure du chanteur. En début d’après-midi, sur Amalfi Drive, plus personne devant la vaste villa en bois blanc. Tout est paisible. En face, la propriété de Kate Hudson, dans le même coin, celles de Ben Affleck, Tom Hanks et Steven Spielberg. Une dame promène son chien, elle est désolée d’apprendre la triste nouvelle : « Je ne l’ai jamais vu mais j’en ai entendu parler. »
Johnny aimait vivre à Los Angeles, il appréciait pouvoir s’y promener incognito et conduire Jade et Joy au Lycée français. En Harley Davidson, il sillonnait les routes vers Malibu pour partager un lunch avec Laeticia au très chic restaurant Nobu. On le voyait aussi régulièrement du côté de Venice Beach, où il s’entraînait autrefois au Gold Gym. Il n’était pas rare de le voir en famille sur la plage de Santa Monica à hauteur du restaurant familial Back to the beach.
« Je ne sais pas si le public se rend réellement compte de sa simplicité, de sa discrétion et de sa timidité » dit Frédéric, le patron de l’établissement The Little Door, où le chanteur appréciait aller dîner. Malibu Joe, paparazzo sénégalais, partage le même avis sur la star : « Je l’ai croisé à de nombreuses reprises, notamment au restaurant Gjelina sur la trendy Abbott Kinney de Venice Beach, il était toujours gentil et naturel en prenant volontiers la pause. Johnny, c’était la classe ! »
Du côté de West Hollywood, à deux pas des célèbres salles Whisky a go go et The Viper Room, nous retrouvons Mark Mahoney dans son atelier de Sunset Boulevard. Propriétaire du Shamrock Social Club, l’artiste a tatoué Johnny une dizaine de fois. Désolé de la perte de son ami, il n’hésite pas à lui rendre hommage : « C’est la personne la plus vivante que j’aie jamais rencontrée, il dévorait la vie. Il buvait, il fumait comme s’il n’y avait pas de lendemain. C’était incroyable de faire partie de ses proches ».
Mais le plus affecté ce jour-là, est, sans aucun doute, Robin Le Mesurier, guitariste et directeur musical de Johnny, depuis 1994. Dans son cottage de West Hollywood, la mine triste, celui qui a aussi joué aux côtés de Rod Stewart se confie : « Nous étions comme des frères. » La gorge nouée, il poursuit : « La dernière fois qu’on s’est vus, nous avons parlé du nouvel album, de la tournée. Je lui ai ensuite envoyé une chanson qu’il a beaucoup aimée et qu’il allait faire traduire en français. Il était aussi très enthousiaste à l’idée du projet inédit de scène circulaire envisagée pour les prochains concerts. »
Les sanglots dans la voix, Robin nous dit encore : « Je n’y crois toujours pas. Je suis sous le choc. » Avant de reprendre le sourire sur une anecdote : « Un jour, Johnny m’a dit : Je mourrai sur scène, et je lui ai répondu : Avec un peu de chance, pas quand je serai à côté de toi ! C’était son attitude, aller jusqu’au bout, aussi longtemps qu’il le pouvait ! » En nous montrant les cadres qui jalonnent sa maison, dont un dessin de Jade offert à la fin de la dernière tournée et une photo de lui et Johnny à LA, il termine : « C’était l’ultimate performer à la voix incroyable. Parfois, avant un concert, il me disait qu’il était fatigué, puis il explosait sur scène devant des dizaines de milliers de fans, c’était fantastique. C’était un homme extraordinaire, il va me manquer terriblement. »
Depuis Los Angeles – Sophie Radermecker